L’Association Amicale des Anciens Élèves du Collège de l’Université Saint-Joseph et du Collège Notre-Dame de Jamhour est l’une des associations d’anciens d’établissements jésuites les plus prestigieuses et les plus actives au monde. Elle regroupe, parmi ses membres, plusieurs présidents de la République, présidents du Conseil des ministres, ministres, députés, patriarches, prélats, directeurs généraux, ambassadeurs, présidents d’associations, présidents de conseils d’administration, artistes, hommes de loi, de finances, de sciences, de lettres et de pensée qui ont marqué l’histoire du Liban.
Vivant dans un pays mixte où coexistent chrétiens et musulmans, l’Association a toujours œuvré pour un dialogue franc et sincère entre les différentes composantes de notre nation, ainsi que pour un rapprochement des cœurs et des esprits. Sa Sainteté feu le pape Jean-Paul II a très bien compris l’importance de notre pays dans cet Orient à majorité musulmane, le qualifiant de « pays-Message » et lui consacrant une exhortation apostolique, publiée le 10 mai 1997.
Dans ce cadre, la commission spirituelle de l’association, animée par le père Jean Dalmais, s.j., a organisé, depuis 2007, chaque 25 mars, jour de la Fête de l’Annonciation, des rencontres spirituelles islamo-chrétiennes en l’église Notre-Dame de Jamhour, autour de la Sainte Vierge, sachant que Marie tient aussi une place de choix dans l’Islam.
Les deux initiateurs principaux de ces rencontres sont :
- M. Nagy el-Khoury, Secrétaire Général de l’Amicale des Anciens Élèves de Jamhour et Président de la Fédération Libanaise des Anciens Élèves des Écoles Catholiques, qui a toujours œuvré au dialogue islamo-chrétien et rêvé qu’un jour musulmans et chrétiens des différentes communautés puissent prier ensemble. Il est l’organisateur de la cérémonie centrale à Jamhour et le coordinateur des événements périphériques.
- Dr Mohamed Nokkari, juge auprès du Tribunal charei de Beyrouth et ancien directeur général de Dar el-Fatwa pour les musulmans sunnites, qui a toujours cru que Marie pouvait jouer un rôle de dénominateur commun entre musulmans et chrétiens.
Tous les deux ont obtenu, en 2010, le Prix Sergio Vieira de Mello, accordé par la Pologne aux personnes qui ont le plus œuvré, dans le monde, au rapprochement des cultures et des religions.
Deux importantes personnalités représentatives ont aussi participé, dès l’origine, aux travaux de la commission d’organisation : Son Excellence Dr Ibrahim Shamseddine, ancien ministre de la réforme administrative et fils de l’ancien imam chiite disparu, ainsi que le Père Fadel Sidarouss, ancien provincial de la Compagnie de Jésus.
Dans le but de sortir cette initiative du cadre de Jamhour pour atteindre davantage l’espace national, surtout que la journée du 25 mars est devenue une fête nationale officielle, un regroupement d’associations, mouvements ou congrégations se retrouvent sous l’appellation « La Rencontre islamo chrétienne autour de la Vierge Marie », avec, pour secrétaire général et coordinateur, M. Nagy el-Khoury, et secrétaire général Cheikh Mohammad Nokkari.
Lancée, en 2007, par l’Amicale des Anciens de Jamhour, cette initiative a attiré, au fur et à mesure, de nombreuses associations dès la deuxième année, chacune apportant sa contribution et ses idées. Toutes ces associations œuvrent dans le vaste chantier du dialogue interreligieux et interculturel ou dans une dynamique mariale.
Jusqu’à ce jour, plus de trente institutions, regroupements ou associations ont rejoint les initiateurs, formant ainsi « La rencontre islamo-chrétienne autour de Marie ».
Le projet serait de pouvoir mobiliser la totalité des initiatives, chacune ayant son propre charisme et ses propres cibles, dans un mouvement national commun afin de transformer le Liban en « Centre international pour le dialogue interculturel et interreligieux » œuvrant dans le cadre de l’ONU.
Chaque année, témoignages, prières et chants font de cette rencontre un événement national retransmis en direct par plusieurs télévisions et suivi par des centaines et des centaines de milliers de téléspectateurs au Liban et dans le monde.
En 2007, l’invité principal était cheikh Khaled el Joundi, prédicateur de l’Université Al-Azhar du Caire (Égypte), importante référence dans l’islam sunnite.
En 2008, c’était au tour de Sayyed Mohammed Hassan el-Amine, l’un des principaux dignitaires musulmans chiites, de nous honorer de sa présence.
En 2009, Mgr Salim Ghazal, président de la Commission épiscopale pour le dialogue islamo-chrétien, et Cheikh Amr Khaled, l’un des plus importants prédicateurs dans le monde islamique, établi à Londres, étaient les hôtes de notre rencontre.
En 2010, c’est SEM. Lech Walesa, ancien président de la République Polonaise, fondateur du Syndicat Solidarnosc, Prix Nobel de la Paix 1983, qui a témoigné de l’importance de « la Sainte Vierge dans son combat ».
En 2011, le T.R.P. Adolfo Nicolás, s.j., Supérieur général de la Compagnie de Jésus, a voulu, par sa présence, témoigner de la nécessité du dialogue entre l’islam et le christianisme.
En 2012, Sa Béatitude Mgr Béchara Boutros Raï, Patriarche maronite d’Antioche et de Tout l’Orient, a été l’invité principal de cette rencontre.
En 2013, Sayed Ali Fadlallah, fils de Sayed Mohammad Hussein Fadlallah, l’une des plus importantes références de l’islam chiite et actuel président de l’association des Mabarrat, a insisté sur l’importance du dialogue.
En 2014, le père Miguel Angel Ayuso Guixot, secrétaire du Conseil Pontifical pour le dialogue interreligieux, est venu nous apporter l’appui du Vatican.
En 2015, Son Éminence le Cardinal Philippe Barbarin, archevêque de Lyon, Primat des Gaules, accompagné de M. Kamel Kabtane, recteur de la grande Mosquée de Lyon, a témoigné de l’amitié entre les peuples.
En 2016, Son Excellence Cheikh Abdel Latif Derian, Mufti de la République libanaise, représenté par Son Excellence Cheikh Salim Soussan, Mufti de Saïda et ses districts, nous a invités à œuvrer à la préservation de la paix et du vivre ensemble.
En 2017, nous avons eu l’honneur de recevoir Son Excellence Monsieur Saad Hariri, Président du Conseil des ministres, signataire du décret de la Fête Nationale, le 18 février 2010.
En 2018, la cérémonie s’est déroulée au Palais présidentiel, sous le haut patronage, et en présence, de Son Excellence le général Michel Aoun, président de la République.
L’emblème de la rencontre, conçu par Mlle Elsa Mehanna, représente le visage de Marie, de profil, en bleu clair, couleur de son voile. De plus, la courbure de ce visage représente, en même temps, le croissant de l’islam et la position de la tendre mère qui protège et borde l’ensemble de l’humanité.
L’icône de l’Annonciation a été peinte en décembre 2008 et exposée pour la première fois en mars 2009.
Exécutée à l’initiative de Mme Joyce Sayegh, elle est devenue l’un des symboles de la rencontre « Ensemble autour de Marie, Notre Dame » de l’Amicale des Anciens du Collège jésuite Notre-Dame de Jamhour (Liban).
Elle a été réalisée par le peintre Noha Ibrahim Jabbour, fille et élève de l’iconographe feu Ibrahim Abdo Jabbour, qui naît et grandit dans ce milieu sacré des icônes peintes par lui.
L’icône de l’Annonciation est le symbole expressif par l’écrit et l’image de l’ampleur du rapprochement de Dieu et de l’homme. Une présence spirituelle et angélique annonçait glorieusement l’immaculée conception.
À droite, nous pouvons lire les versets de l’Évangile de St Luc 1/28-35 et à gauche la Sourate de Al Omrane, tirée du Coran 69/41-46.
Elle est inspirée d’une icône byzantine ancienne du patrimoine grec ancien, appartenant probablement à la tradition du Mont Assos.
La technique utilisée est celle de l’écriture classique d’une icône : bois recouvert de tissu, puis recouvert d’or 21 k. Enfin, la peinture est à l’huile.
Dimensions : 50 cm de large et 60,5 cm de hauteur. L’icône originale se trouve au bureau de l’Amicale à Jamhour. Depuis cette année, une copie est exposée au MUCEM (expo permanente) de Marseille.
Un « dou3a2 mouchtarak » (prière commune) a été adopté par les organisateurs et récité chaque année de manière différente : en 2007, un prêtre capucin et un cheikh musulman ont dirigé sa lecture commune ; en 2008, c’est au tour d’une religieuse et d’une croyante musulmane (toutes les deux voilées) de prendre les commandes ; en 2009, 14 représentants des différentes communautés du pays l’ont repris en chœur avec l’ensemble de l’assistance. En 2010, il a été demandé à tous les Libanais de le lire à 17h30, en fin de cérémonie, avec les participants à la rencontre de Jamhour, dirigés par 16 représentants des différentes communautés. Depuis 2011, les représentants des communautés dirigent cette prière suivis par toute l’assemblée. Plusieurs amis dans le monde, dans de nombreux pays, sont en union de prière avec les libanais, au même moment.
Cette initiative a donné lieu à une nouvelle culture mariale islamo-chrétienne, sachant que plusieurs initiatives avaient déjà été prises dans ce sens avant ces rencontres, dont les oratorios soufis islamo-chrétiens de l’Annonciation de Nidaa Abou-Mrad, depuis 1999.
Ainsi, Noha Jabbour a dessiné, à la demande de Joyce Sayegh, une icône de l’annonciation, sur laquelle figurent le texte de l’Évangile de saint Luc sur l’Annonciation et celui de « Sourat Al-Omrane », Bassam Barrak a écrit un Ave Maria islamo-chrétien, Mgr Mansour Labaki a mis en musique des passages du Dou3a2 mouchtarak. Inspirée par notre rencontre, Tania Kassis a chanté un Ave Maria islamo-chrétien. Sandra Habre Wehbé a conçu des tableaux en koufi et Amine Koaïk a peint plusieurs œuvres sur le thème. L’association des Mabarrat écrit chaque année un nouveau chant à Marie, et la troupe de Moustapha Jaafari écrit et chante des mada’eh soufis, etc.
En 2012, les enseignants de Jamhour ont voulu, en lançant un nouveau CD, écrit, composé et chanté par eux, apporter leur contribution à ce projet national. De plus, le Général à la retraite, Georges Herro, a composé un chant qui a été interprété par Samar Salamé, Matteo Khodr et la Chorale du NDU.
En 2013, Jihad Akel, grand violoniste sunnite, d’origine palestinienne, compose un morceau en hommage à Marie et le joue durant la cérémonie.
Cette nouvelle culture inspire de nombreux artistes, musiciens, écrivains, poètes et hommes de lettres (plusieurs livres publiés, une multitude de conférences au Liban et à l’étranger ainsi que plusieurs thèses de doctorat déjà écrites sur le sujet), et de nombreuses cérémonies et événements périphériques s’organisent dans le pays le jour même de la Fête ainsi que les jours qui la précèdent et qui la suivent.
Chaque année, un DVD de la rencontre est produit par Télé Lumière et offert gracieusement à un grand nombre de personnes intéressées par l’initiative.
Vu le grand succès connu par ces rencontres qui ont pris de plus en plus d’ampleur, les organisateurs ont été encouragés à demander au Comité National de Dialogue Islamo-Chrétien de l’aider à œuvrer pour que le jour de la Fête de l’annonciation soit déclaré jour de Fête Nationale islamo-chrétienne.
La commission d’organisation, accompagnée par SEM. Michel Eddé, a visité, en 2009, le Président de la République, le Président de la Chambre des Députés ainsi que le Président du Conseil des ministres qui ont appuyé l’initiative, ce qui amena le gouvernement, présidé alors par SEM. Fouad Siniora, à décider à l’unanimité, le 13 mars 2009, de consacrer le 25 mars, Jour de la Fête de l’Annonciation, jour de Fête Nationale (non chômé).
Cependant, la crise ministérielle et le changement de gouvernement ont retardé la signature du décret officialisant la décision.
En 2010, la commission, accompagnée des deux secrétaires généraux du Comité National de Dialogue islamo-chrétien, a visité, le mardi 16 février 2010, le président du Conseil, Son Excellence Cheikh Saad el-Hariri, au Grand Sérail, pour relancer le projet.
La décision courageuse a été prise, deux jours plus tard, le 18 février 2010, par le Conseil des Ministres, qui en a même fait un jour chômé pour avoir plus d’impact sur l’ensemble des citoyens (Décret présidentiel n° 3369 du 27 février 2010, paru au journal officiel n°11 du 4 mars 2010).
Le Conseil des Ministres a même désigné une commission ministérielle chargée de superviser les festivités de cette fête nationale, présidée par SEM. Tarek Mitri, ministre de l’Information.
Profitant de sa visite au Saint Siège, le samedi 20 février 2010, le Président du Conseil a évoqué cette décision avec Sa Sainteté le Pape Benoît XVI qui a accueilli cette initiative avec enthousiasme. D’ailleurs, Sa Sainteté le Pape s’est montrée très intéressée par cette démarche qui peut contribuer à un rapprochement entre musulmans et chrétiens.
Et aujourd’hui, Sa Sainteté le pape François continue à encourager notre initiative à travers le Nonce Apostolique qui suit cette démarche avec le plus grand intérêt. Le 25 octobre 2017, Nagy el-Khoury lui remettait, au Vatican, au nom de la « Rencontre islamo-chrétienne autour de Marie », une copie de l’icône en émail représentant l’Annonciation.
La Nouvelle a été très bien accueillie par la presse locale et internationale qui l’a largement couverte, et plusieurs articles et témoignages ont été écrits à ce propos.
Le Comité d’organisation a visité, en 2009, le président du Conseil Municipal de Beyrouth, M. Abdel-Monhem el-Ariss, pour lui demander de réserver un espace au cœur de la capitale, dans lequel sera aménagé un jardin et construit un petit monument représentant l’emblème de la rencontre, pour en faire le symbole de la rencontre islamo-chrétienne autour de Marie.
Accueil enthousiaste et décision du Conseil Municipal de consacrer, en 2010, un espace de 172 m² sur la place du Musée National. Les travaux d’infrastructure ont été offerts par les Entreprises André Hakimé et le jardin aménagé par Exotica.
Cet espace a été inauguré le 25 mars 2010 à 19 heures, par SEM. Ziyad Baroud, ministre de l’Intérieur, le président et plusieurs membres du conseil municipal de Beyrouth, ainsi que le Nonce apostolique, en présence de plusieurs personnalités politiques et religieuses et un grand nombre de citoyens.
Ancienne ligne de démarcation, ce lieu qui a longtemps symbolisé la séparation et l’hostilité, sera désormais un espace de rencontre islamo-chrétienne autour de Marie qui rassemble. Un projet sera présenté au Conseil Municipal pour que cette Place du Musée soit baptisée « Place de Marie ».
Le nouveau Conseil Municipal, présidé par M. Jamal Itani, a pris, le 23 mars 2017, officiellement, les décisions 262 et 263 baptisant cet espace « Le Jardin de Marie » et le mettant à notre disposition, nous donnant l’autorisation de lancer un concours pour l’aménagement d’un monument dans ce jardin. Ce concours se fera en coordination avec l’Académie Libanaise des Beaux-Arts (ALBA).
L’un des projets ambitieux des organisateurs pour l’avenir est celui de construire (idéalement sur un wakf chrétien, avec un financement musulman) un « Centre Marial international islamo-chrétien » à Beyrouth, non loin de la Place du Musée, pour en faire son siège, mais aussi un lieu de convergence de la culture mariale islamo-chrétienne et un lieu de rencontre et de recherche des différentes associations et initiatives œuvrant dans ce sens. Sa vocation serait internationale.
Un avant-projet, préparé avec les architectes Hadi Murr et Raphaël Samaha, a été présenté, le 13 janvier 2017, au Président de la République.
Les organisateurs envisagent de faire les démarches nécessaires auprès des responsables afin d’émettre un timbre à l’effigie de cette rencontre en souvenir des douze ans de sa naissance.