Déjeuner 40 ans Promo 1975
Date : 30/07/2015
Lieu : "Messe à Jamhour Déjeuner champêtre à Tanaïl"
Journée de retrouvailles pour les 40 ans de la Promo 75
10 heures du matin. Un soleil de juillet inondait la grand place devant l’église, et, les unes après les autres, pleines d’allégresse, les voitures se garaient dans une joyeuse pagaille. Mille questions se bousculaient dans nos têtes. Qui allions-nous revoir ? Reconnaîtrions-nous tout le monde ? Avions-nous beaucoup changé ? Au moins sur l’aspect extérieur, la réponse ne se fit pas attendre. Certains avaient gardé (les veinards !) l’allure de leurs 18 ans. Mais pour la plupart d’entre nous, le cheveu s’était fait plus rare et la panse avait embelli. Dieu merci, le charme de la maturité n’a que faire de ces petits détails ! Effusions et embrassades indiquaient une joie palpable.
Nous étions particulièrement émus de revoir des amis chers dont les hasards de la vie nous avaient séparés depuis quarante ans. Mais il y avait aussi un plaisir évident à renouer avec tous les autres, tant chacun d’entre nous était devenu dépositaire d’une part de l’histoire commune. Nous ressentions également un bonheur singulier à revoir nos anciens professeurs qui étaient des nôtres ce jour-là.
M. Tahan avait superbement traversé les années. Il gardait toujours sa figure énergique et bienveillante qui lui valait tant de sympathie, et même sans sifflet, nous le reconnaîtrions au premier coup d’oeil.
M. Kfoury, ancien directeur des sports, encore vif et alerte, incarnait à merveille cette mens sana in corpore sano qu’il nous avait inculquée dans notre jeunesse. Messieurs Ghazal et Chrabieh, toujours avenants, étaient là aussi, eux qui avaient su nous rendre moins aride l’enseignement des sciences.
Dans la fébrilité des retrouvailles, le temps passait et la messe était prévue à 10h30. Après nous avoir rappelés plusieurs fois à l’ordre, l’infatigable et sympathique Nagy el-Khoury qui nous accompagnait, se résolut à appuyer sur le bouton nucléaire : « Ya Chabeb, le père recteur nous attend ! ».
Alors le groupe s’ébranla et c’est par petites grappes animées que nous nous sommes dirigés vers la crypte. Le père Sion célébra la messe dans le recueillement. Il apprécia visiblement notre bonne volonté lorsqu’il fallut entonner les chants liturgiques. Hélas, les cours de vocalise de M. Tarabo et du père Mayet n’étaient plus qu’un souvenir et la douce cacophonie qui s’installa, finit par heurter l’oreille musicale du père recteur. En bougonnant gentiment, il nous délivra d’un « Bon, bon, ça ira ! ».
À la fin de la messe, Joseph Abou Chacra, grande figure s’il en est, nous dit un texte émouvant, dans une langue d’une pureté et d’une richesse qui nous fit regretter notre manque d’assiduité aux cours d’arabe. Néanmoins, nous étions fiers comme Artaban d’avoir compris les trois quarts du discours.
L’étape suivante nous mena vers les deux autocars qui devaient nous emmener à Tanaïl. À l’avant du véhicule où je m’engouffrai, je reconnus et saluai M. Baalbaki. Très apprécié de tous, il avait fait beaucoup plus que nous enseigner les plus éminents philosophes. Ils les avaient compris et dégageait cette force sereine que donne la fréquentation des grands textes.
Dans un registre plus léger, les histoires drôles et les innombrables réminiscences émaillèrent le trajet et nous sommes enfin arrivés au splendide domaine de Tanaïl. Le déjeuner se tenait dans l’espace « Arcenciel » (du nom de l’oeuvre magnifique de notre ami Pierre Issa).
Nos chers camarades organisateurs de la journée (Paul, bien sûr, mais aussi Habib, Michel et les autres) avaient merveilleusement préparé les choses et nous faisions honneur à un repas fastueux. C’était « les Noces de Cana » et le « Retour de l’enfant prodigue » réunis. La saveur de l’agneau et le sourire des hôtesses resteront longtemps dans les mémoires.
À la fin des agapes, Nagy el-Khoury nous a exposé les divers projets du Collège et nous a rappelé à notre devoir de soutien. Mille grâces lui soient rendues ! Une journée de jamhourien sans devoir aurait eu quelque chose d’inachevé.
Pierre, ensuite, nous emmène faire le tour du domaine et nous invite à faire une halte dans sa belle demeure. Une douce brise soufflait dans les jardins et Adib Chkeiban, dont la présence vaillante nous avait beaucoup touchés, évoqua les mérites de l’énergie éolienne.
Mais l’heure avançait et il fallut bientôt, à regret, songer au chemin du retour. Nous nous sommes quittés au Collège, bercés par une douce euphorie, avec fortes promesses de ne pas attendre le jubilé pour renouveler la magie des ces moments d’exception.
Henri Ghosn
Promo 1975